بِسْمِ اللهِ الرَّحْمٰنِ الرَّحِيْمِ
Nous, les occidentaux fraîchement convertis, nous comportons souvent comme des colons arrivant en territoire conquis :
On débarque, on jette un coup d'œil rapide, on s'installe puis, au bout de deux jours, on commence à tout mieux savoir que les autochtones et à donner des leçons :
Car sur le peu qu'on a appris de cette religion inconnue, on croit tout maîtriser, alors on la ramène, fiers comme Artaban.
Et on est d'autant plus sûr de soi qu'on a tout vu sur 3ilmcha3i.net !
Ainsi, au bout de trois mois d'Islam, on sait mieux faire la prière que n'importe quel maghrébin né musulman, on se permet d'interpréter, sur la base d'une traduction approximative, le sens des trois ou quatre versets qu'on a appris par cœur, et surtout on sait sur le bout des doigts ce qui est halal ou haram.
D'ailleurs, on en a plein la bouche du haram, comme si l'Islam était une suite de choses farouchement défendues.
Et on se répand, et on s'étale sur les réseaux sociaux, déguisés comme des bédouins, dégoisant dans un français mâtiné de jargon islamo-arabo-berbère, pour faire plus arabe que l'arabe :
Les hamduLLAH, les insh'ALLAH, les mash'ALLAH, les Marhaba, les Khuya, on les met à toutes les sauces, à chaque coin de phrase, et on se sent ainsi un musulman parfaitement accompli - d'autant qu'on s'est empressé de se laisser pousser une magnifique barbe bien touffue.
Et on se permet de se mêler des affaires d'ALLAH, jugeant tout et n'importe quoi en Son nom, comme si on était Son porte-parole attitré.
Or, il nous reste à apprendre l'essentiel : l'humilité, fermer nos bouches et écouter.
Restons à notre place.
Et tout cela vaut en premier lieu pour moi-même.
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