بِسْمِ اللهِ الرَّحْمٰنِ الرَّحِيْمِ
Tu as beau faire tous les efforts du monde pour te réformer, pour améliorer ton comportement - maîtriser ta colère, être plus patient, réfréner tes tentations malsaines... - il y a un indicateur de l'avancée de ton cheminement qui ne trompe pas.
Et depuis quelques semaines, Shaykh me titille sur ce point avec une insistance qui, si elle m'interrogeait au début (et me vexait un peu, je dois bien l'avouer), taraude à présent ma conscience avec une résonance toute particulière :
C'est le comportement avec l'épouse.
Car le comportement avec l'épouse est révélateur de l'être intime.
Tu pourras briller en société autant que tu voudras, en trompant ton ego et en te persuadant que tu es devenu un homme bon, le huis-clos du foyer conjugal te rappellera vite à ta vraie nature.
Car dans l'intimité du couple, loin des regards des autres (oubliant juste celui d'ALLAH qui ne te quitte pas d'un iota), tu relâches ta vigilance et te laisses aller au doux chant de ton ego, qui reprend le contrôle sans que tu t'en rendes vraiment compte.
Et même, tu te trouves des excuses.
Car il est vrai que nos épouses ont parfois une science particulière pour nous pousser dans nos retranchements et éprouver notre patience.
Alors, sûr de ton bon droit, drapé dans ta dignité et ta souffrance d'homme persécuté, tu te victimises et t'arroges le droit de t'agacer, de perdre patience, d'élever la voix, de claquer des portes - ou pire, de battre en retraite et de délaisser ton foyer (et je n'évoque même pas ici, par pudeur, des comportements bien pires et bien plus graves dans leurs conséquences).
Qu'à cela ne tienne.
Le bon comportement avec ton épouse, tu le dois à ALLAH - quelles que soient les épreuves qu'Il t'impose à travers elle.
Car Il t'a confié en dépôt la charge d'une femme, et à ce titre tu dois honorer cette confiance qu'Il t'a accordée.
Un jour Shaykh m'a demandé : "Sais-tu comment tu dois te comporter avec ton épouse ?" Et de répondre, péremptoire : "Comme avec moi-même."
Car au même titre que le Walî, l'épouse vertueuse (et même l'épouse un peu moins vertueuse) est une grâce d'ALLAH, par laquelle Il va te combler - mais aussi t'examiner et t'inviter à te réformer.
Et tu dois prendre soin d'elle comme s'Il te l'avait remise en main propre, faisant passer ta petite personne au second plan.
Or, oublieux que nous sommes, nous ne considérons bien souvent nos épouses que comme des mères de substitution, dans le meilleur des cas, ou des bonniches, dans le pire des cas.
D'autant qu'on a vite fait de confondre, en la matière, la tradition islamique (qui par le Coran a inauguré, dans l'histoire juridique, le droit écrit des femmes), avec la culture arabo-maghrébine, un tantinet machiste.
Le comportement avec ton épouse, donc, est l'indicateur de ton évolution spirituelle : car si tu n'es pas capable d'endurer avec elle et de montrer en sa compagnie ton meilleur visage, tout le reste n'est que faux-semblant, vanité - voire hypocrisie.
Et ce n'est pas pour rien que le Prophète (صلى الله عليه وسلم), qui était le meilleur des hommes, était aussi le meilleur des époux :
« Le meilleur d’entre vous est le meilleur avec sa femme. Et je suis le meilleur d’entre vous avec ma femme. » (1)
« Les croyants ayant la foi la plus accomplie sont ceux qui ont le meilleur comportement, et les meilleurs d’entre vous sont ceux qui sont les meilleurs envers leurs femmes. » (2)
Et ça n'est pas pour rien non plus si le Shaykh insiste avec tant de force et d'empressement sur ce point crucial du cheminement spirituel - qui est avant toute chose celui de l'excellence du comportement.
Car nulle proximité avec ALLAH sans la perfection en la matière - et en premier lieu avec l'épouse, qu'Il veut comme un habit pour toi autant que tu l'es pour elle.
Et si ton épouse a à se plaindre de toi, ALLAH a forcément à se plaindre de toi.
Alors réforme-toi vite - mais vraiment - avant d'encourir Sa colère.
Recommandation que je m'adresse à moi-même, avant même que de prétendre la faire aux autres.
(1) Rapporté par At-Tirmidhî (3895) d’après ‘Â’icha رضي الله عنها, et Ibn Mâdjah (1977) d’après Ibn ‘Abbâs رضي الله عنهما.
(2) Rapporté par At-Tirmidhî (1162) et Abû Dâwûd (le début du hadith) (4682) d’après Abû Hurayra رضي الله عنه.
Comentarios