بسم الله الرحمن الرحيم
Il y a deux façons d'aborder le Da'wa, dans le sens de la conversion complète des gens (soumission et foi) :
La première - la plus conventionnelle - c'est celle qui consiste à recueillir la Shahada de l'individu dans un premier temps, puis à lui donner la foi dans un second temps par un travail classique de purification de l'âme et de rééducation :
C'est le cas de figure des Bédouins du verset :
قَالَتِ ٱلْأَعْرَابُ ءَامَنَّا ۖ قُل لَّمْ تُؤْمِنُوا۟ وَلَٰكِن قُولُوٓا۟ أَسْلَمْنَا وَلَمَّا يَدْخُلِ ٱلْإِيمَٰنُ فِى قُلُوبِكُمْ ۖ وَإِن تُطِيعُوا۟ ٱللَّهَ وَرَسُولَهُۥ لَا يَلِتْكُم مِّنْ أَعْمَٰلِكُمْ شَيْـًٔا ۚ إِنَّ ٱللَّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ
Les Bédouins ont dit : « Nous avons la foi ». Dis : « Vous n'avez pas encore la foi. Dites plutôt : "Nous nous sommes simplement soumis", car la foi n'a pas encore pénétré dans vos cœurs. Et si vous obéissez à ALLAH ﷻ et à Son Messager ﷺ, Il ne vous fera rien perdre de vos œuvres ». ALLAH ﷻ est Pardonneur et Miséricordieux. (Qur'an 49:14)
Mais cela implique (et suppose) que les gens ont, au moins intellectuellement, accepté le message muhammadien de l'Unicité divine - à défaut d'avoir le cœur illuminé par la foi parfaite : ils ont fait cet effort préalable d'acceptation, de consentement, et donc de soumission - celui-là même qui fait qu'on sort du kufr.
Qu'ALLAH ﷻ récompense de la meilleure des manières cet exercice judicieux de leur libre-arbitre.
Mais ce n'est pas le cas de tout le monde : nombreux sont ceux qui, intellectuellement, refusent catégoriquement un des aspects de l'Islam, ou de l'Iman (rejetant l'idée du jeûne, ou de la prédestination par exemple), ou l'ensemble en bloc ; mais on discerne en eux des attributs de la lumière (miséricorde, générosité, altruisme, politesse naturelle, droiture, sincérité...), et quelque-chose en nous nous dit qu'on ne peut pas lâcher l'affaire et les laisser comme ça.
Car si ALLAH ﷻ les voile, ça n'est pas tant pour les laisser sur le bas-côté, que pour observer le comportement à leur égard de ceux qui sont déjà guidés, et à qui incombe la responsabilité de faire les causes de la guidance de leurs frères et sœurs en humanité : seront-ils enclins au jugement et au mépris à l'égard des kafirun, ou voudront-ils ardemment partager avec eux cette lumière qui les a éclairés, retournant à leur peuple en avertisseurs à l'instar des Jinn du verset 29 de Surat Al-Ahqaf ?
وَإِذْ صَرَفْنَآ إِلَيْكَ نَفَرًۭا مِّنَ ٱلْجِنِّ يَسْتَمِعُونَ ٱلْقُرْءَانَ فَلَمَّا حَضَرُوهُ قَالُوٓا۟ أَنصِتُوا۟ ۖ فَلَمَّا قُضِىَ وَلَّوْا۟ إِلَىٰ قَوْمِهِم مُّنذِرِينَ
(Rappelle-toi) lorsque Nous dirigeâmes vers toi une troupe de Jinn pour qu'ils écoutent le Qur'an. Quand ils assistèrent [à sa lecture] ils dirent : « Écoutez attentivement. »... Puis, quand ce fut terminé, ils retournèrent à leur peuple en avertisseurs
Toujours est-il que, pour le Da'i, ces "clients" sont les plus délicats à "traiter", car ils impliquent une grande patience, et surtout une grande capacité de recul et d'abstraction à l'égard des comportements dont ils seront témoins chez ces gens, et qui appelleraient chez le commun des musulmans un inévitable jugement, et un rejet catégorique.
Et même, le Da'i qui prendra en charge de tels "clients" s'exposera lui-même, nécessairement, à l'incompréhension et au jugement du reste de la Umma - mais que lui importe : ALLAH ﷻ, qui connaît sa Niya profonde, lui suffit, et Il est son Meilleur Garant.
Donc, ces gens qui sont dans le refus intellectuel du Message, il faudra trouver en eux le petit bout du fil d'or qui mène jusqu'à leur cœur et à leur lumière intérieure ; et tirer ce fil jusqu'à ramener à la surface ce trésor muhammadien - et tout le reste viendra avec : consentement, Islam, Iman - et même la foi parfaite.
Et ceux-là même qui hier refusaient farouchement l'un ou l'autre de ces aspects de la religion, nous étonneront finalement par leur enthousiasme à leur égard - et même s'y trouveront plus attachés que n'importe qui.
Mais, avant d'en arriver à ce degré de piété, il faudra identifier, localiser, et cultiver le petit bout de lumière qui affleure initialement sous le voile du refus intellectuel, et auquel personne, hormis le Da'i aguerri qui en la matière a une certaine clairvoyance*, n'a prêté attention :
Ce petit bout de lumière, ce sera donc, par exemple, une générosité sincère à l'égard des gens, ou une humilité à toute épreuve, ou une droiture sans faille dans la ligne de conduite (quelle qu'elle soit) - à l'instar de ce voleur auquel l'Imam Junayd رضي الله عنه avait baisé les pieds sur le billot, réveillant sa piété au moment ultime.
Si, sans jugement sur le reste de la personne, on est capable de reconnaître et d'honorer cet attribut muhammadien qui affleure, et de le cultiver (de l'encourager, de le stimuler, de le louer... sans pour autant tomber dans la flatterie), on va développer, en cette personne, le goût pour cet attribut et ce qu'il développe inévitablement dans son cœur : la piété.
Pourvu que ce travail d'encouragement soit orienté dans ce sens, et pas dans celui de l'ego - mais ça, c'est toute la subtilité et le savoir-faire de l'éducateur spirituel qu'est aussi le Da'i accompli.
Et c'est bien la raison pour laquelle la charge du Da'wa ne peut échoir qu'à des croyants d'un certain degré, dotés par ALLAH ﷻ de qualités éducatives très particulières.
Et qui seront en capacité de cultiver avec beaucoup d'amour, comme des jardins en friche mais à la terre ô combien fertile, des cœurs qui ne demandent qu'à refleurir.
Ces Da'i de l'extrême, ce sont les Awliya d'ALLAH ﷻ, et leurs compagnons qui les assistent étroitement dans cette tâche.
*De même, le Da'i clairvoyant sait détecter le mécréant irrécupérable, ou le Shaytan convaincu, ce qui lui permet de mettre à exécution L'Ordre d'ALLAH ﷻ :
فَذَكِّرْ إِن نَّفَعَتِ ٱلذِّكْرَىٰ
Rappelle, donc, où le Rappel doit être utile. (Qur'an 87:9)
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