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Photo du rédacteurStéphane Abdallah ILTIS

MOI JE et le Shaykh (effacement de soi et bienséance)

بِسْمِ اللهِ الرَّحْمٰنِ الرَّحِيْمِ


Dans notre relation avec le Shaykh, nous nous projetons le plus souvent comme sujets, dans notre altérité :

Autrement dit, il y a MOI JE, et le Shaykh - à qui je parle abondamment de MOI JE, qui m'écoute et me répond poliment, me renvoyant ainsi mon image comme un reflet.

Nous n'existons ainsi, dans la relation, que par notre ego tout puissant et boulimique, avide de se mirer dans le Shaykh.

Est-ce là vraiment s'éteindre dans le Shaykh ?

Et mesurons-nous réellement la tâche de titan qui est la sienne, à nous étaler comme nous le faisons auprès de lui ?


Car les entretiens individuels sont bien souvent un prétexte, et l'occasion idéale de parler de notre sujet préféré - celui qui nous passionne et nous occupe entièrement : MOI JE.

Or, la première phase de l'extinction de l'ego dans le Shaykh est de s'effacer en tant qu'individualité - car le Walî n'est pas assistante sociale ou psychologue : il est là pour nous parler d'ALLAH et nous conduire à LUI, pas pour régler nos problèmes d'ordre socio-médico-psychologique ; d'autant que, in fine, son enseignement spirituel permet de résoudre toutes ces difficultés du quotidien - mais par le haut, en élevant notre esprit.

Or, si nous en restons à nous mêmes, dans une approche égotique très terre à terre, nous faisons du sur-place tout en faisant perdre son temps à l'homme d'ALLAH.

Et si ce dernier, qui est tout service, ne se plaindra jamais et nous écoutera avec politesse, bienveillance et même compassion, il n'appartient qu'à nous de faire l'effort de nous effacer.

Car nous ne sommes pas ses seuls disciples.

Mais ça, nous nous en moquons : car tout ce qui nous préoccupe, c'est notre petite relation personnelle avec le Shaykh - que nous nous complaisons à voir comme privilégiée, nous imaginant volontiers être sa préoccupation exclusive et le centre de son attention.

Et s'il est vrai qu'il se préoccupe sincèrement de nous, il doit aussi se préoccuper de centaines, voire de milliers d'autres disciples.

Alors effacer son ego dans le Shaykh, c'est d'abord avoir la politesse de ne pas s'étaler sur soi-même en s'étendant sans fin sur ses petites misères du quotidien : parler de ses états spirituels, certes ; mais se plaindre de son voisin qui fait du bruit, de son collègue malveillant, ou de ses hémorroïdes, n'exagérons pas !

C'est le minimum.

Et le summum de l'effacement, si on en a la capacité, c'est de rendre service au serviteur d'ALLAH et de l'assister dans sa mission de quelque manière que ce soit, en s'effaçant le plus possible afin de ne pas être un boulet : le soulager sans même qu'il s'en rende compte en anticipant ses besoins - qu'il s'agisse d'ouvrir une porte, de remplir un verre d'eau, ou de préparer un novice à le rencontrer en lui rappelant les convenances et en l'aidant à travailler son intention.

Quant-à nous, dans la relation de maître à disciple, contentons-nous d'être comme des morts entre ses mains.

Et d'appliquer ses consignes à la lettre.

Ni plus, ni moins.

Ce sermon s'adresse en priorité à moi-même.

Le prenne à son compte qui voudra.


MOI JE et le Shaykh (effacement de soi et bienséance) - Blog - Stéphane Abdallah ILTIS

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