بسم الله الرحمن الرحيم
Le prodige du Shaykh, c'est que tu crois faire pour le Shaykh mais tu fais pour ALLAH ﷻ : le Walî arrive à te détourner du Dunya en captant ton attention vers lui, sans que tu sois nécessairement conscient (aussi paradoxal que cela puisse paraître) que tu es ainsi tourné vers ALLAH ﷻ, et que tu agis pour ALLAH ﷻ ;
Car toi, tu es bien focalisé sur le Shaykh en tant qu'être humain, c'est le Shaykh que tu vois et au Shaykh que tu penses (que tu fasses une simple commission pour lui, ou même que tu accomplisses tes adorations du quotidien) quand tu te retrouves dans sa compagnie matérielle et/ou spirituelle, dans sa Suhba.
Mais tu ne penses pas nécessairement à ALLAH ﷻ : si le Shaykh, par exemple, te demande d'aller lui acheter une brosse à dents, ou de lui rapporter un médicament, tu ne vois que l'aspect terre à terre et matériel des choses, sans même imaginer un instant que cela puisse avoir un quelconque rapport immédiat avec ALLAH ﷻ et constituer une adoration à part entière : dans ton esprit, il y a avant tout la dimension spirituelle du Shaykh (celle qui transparaît pendant les Majalis, les Durus...), et les épisodes que constituent ces commissions triviales ne sont que des apartés sans grande importance, qui ne concernent que sa dimension matérielle que tu vois seule à ces moments-là.
Et pourtant ! Par ces menus services, c'est bien ALLAH ﷻ que tu adores, car en te soumettant ainsi aux besoins les plus élémentaires de L'Homme d'ALLAH ﷻ, c'est bien à ALLAH ﷻ que tu es totalement soumis, et c'est bien LUI, ce-faisant, que tu adores – alors même que tu ne penses pas forcément à LUI à ces moments précis, concentré que tu es sur le magasin où tu vas faire ton achat pour ton Shaykh, et sur cette chose que tu dois lui ramener.
Car le Shaykh a bien cette faculté de captation bi idhni ALLAH ﷻ, d'accaparement – et c'est ce qui fait de lui une Qibla ; avec toute autre créature ce serait du Shirk, mais pas avec le Shaykh dont c'est la vocation.
Ainsi détourne-t-il, comme un leurre, notre propension à l'oubli, au Ghafla : car la distraction est notre quotidien, et en récupérant cette distraction, en la prenant à son compte, le Walî nous réoriente subtilement vers ALLAH ﷻ.
En digne héritier de RasuluLLAH ﷺ, qui ne faisait pas autre chose.
Mais être "distrait" par le Shaykh, en soi, est déjà Une Grâce – et elle n'est pas donnée à tout le monde.
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